Doit-on nourrir les chats errants ?
Vous avez peut-être remarqué dans votre quartier un ou plusieurs chats errants et, comme vous avez du coeur, vous aimeriez les aider au moins en les nourrissant, peut-être même leur offrir un abri de fortune si vous avez un jardin.
Attention !
Il est vrai que l'enfer est pavé de bonnes intentions, votre générosité pourrait donc bien avoir l'effet inverse et se retourner contre vous tout en provoquant une catastrophe pour vos protégés.
Tout d'abord, sachez qu'il est interdit de nourrir les chats errants sur la voie publique, vous pouvez consulter le Règlement Sanitaire Départemental de votre région, ces règlements précisent tous qu'il est interdit d'attirer les animaux sauvages aux abords des habitations et/ou de jeter de la nourriture pour attirer chats et pigeons et que ce nourrissage est souvent puni d'amende.
Ensuite, toute considération légale mise à part, si vous choisissez de nourrir des chats errants, vous devez, en même temps commencer à les faire stériliser.
L'un ne va pas sans l'autre, ce n'est pas négociable, il ne s'agit pas de vous dire "Je le ferai plus tard" car, dans ce cas, "plus tard" sera sans doute "trop tard".
En effet, vous savez que les chats errants sont avant tout des survivants, leur existence est courte et dangereuse et la sélection naturelle fait des ravages parmi eux. Les bébés ne survivent pas tous et les adultes font rarement de vieux os.
Or, à partir du moment où vous aller offrir gîte et couvert à ces animaux, vous allez faire chuter leur taux de mortalité, c'est imparable.
Les femelles auront tôt fait de comprendre qu'elles peuvent venir mettre bas chez vous car vous êtes bienveillant, que leur petits seront en sécurité et qu'elles auront de la nourriture en abondance.
Ces chatons nés chez vous, ou près de chez vous, n'auront absolument aucun intérêt à quitter ce territoire accueillant, ils resteront donc, tout comme les adultes qui ne tarderont pas à élire définitivement domicile sur place.
Les lieux deviendront un eldorado pour eux et d'autres chats, errants ou abandonnés, ne manqueront pas de se greffer peu à peu à la colonie.
En moyenne, une chatte errante à entre 1 et 2 portées par an qui donneront à chaque fois 3 ou 4 bébés qui seront capables de se reproduire dès 6-7 mois.
En l'espace de 2 à 3 ans, vous serez littéralement débordé par le nombre.
Même si vous n'aidez qu'une seule chatte errante, sa première portée comportant forcément mâles ET femelles, vous entrez immédiatement dans le cercle infernal.
Prendre soin d'un groupe de chats errants va générer des contraintes évidentes et des obligations.
Le mieux est donc, dès que vous projetez de prendre soin d'un ou de plusieurs chats errants, vous mettre en contact avec les associations de votre région. En effet, il est possible que ces chats soient des chats libres et non des chats errants (donc sauvageons mais suivis par une association). Si c'est le cas, vous pouvez tout simplement demander à entrer en contact avec le nourrisseur qui s'occupe d'eux afin de vous partager le travail ou de vous relayer auprès des félins.
Si les chats n'ont pas de protecteur, vous pouvez demander aux associations si elles accepteraient de vous aider pour les faire stériliser.
Les associations peuvent vous aider de différentes manières :
- trapper à votre place,
- vous prêter un matériel de trappage et vous expliquer comment procéder (certains vétérinaires ont ce type de matériel et acceptent de le prêter),
- vous faire bénéficier de leurs tarifs préférentiels chez leur vétérinaire partenaire pour les opérations et les soins,
- vous offrir quelques bons de stérilisation (vous pouvez également demander aux grandes fondations de vous offrir des bons de stérilisation (Fondation Brigitte Bardot, Fondation 30 millions d'amis, Assistance aux animaux, etc.) qui vous permettront de stériliser gratuitement,
- prendre en charge dans leurs locaux les chats pour la période post-opératoire,
- vous prêter des cages qui vous permettront de les garder pour la période post-opératoire,
- etc...
C'est très variable selon les associations, leur capacité d'intervention et d'accueil ainsi que leurs moyens financiers.
En effet, n'oubliez jamais que le budget des associations n'est pas illimité, que la grande majorité d'entre elles vit de dons et n'a aucune subvention. Il serait généreux, si vous en avez les moyens, de participer financièrement à l'opération.
Si vous n'êtes pas prêt à vous lancer dans ce parcours du combattant, n'agissez pas du tout ou bien contentez-vous de signaler la présence de ces chats errants aux associations de votre région.
N'avertissez surtout pas votre mairie, à moins d'être absolument certain que vos élus ont fait le choix d'une gestion raisonnée par la stérilisation (très rare !) et pas celui d'une élimination pure et simple par mise en fourrière et euthanasie.
Clairement, si vous nourrissez sans stériliser, les chats vont se multiplier dans des proportions très rapidement affolantes, vous serez très vite débordé par leur nombre et, s'il est assez facile de trapper/stériliser 5 ou 6 chats, quand ils sont 15 ou 20, la situation se complique douloureusement.
Le risque, outre le fait que vos frais de nourriture augmenteront considérablement, est que la prolifération de ces chats finissent par causer des nuisances au voisinage en termes d'odeur (l'urine des mâles non castrés empeste et ils marquent leur territoire), de bruit puisque les mâles hurleront lors des bagarres et que les femelles brailleront pendant leurs chaleurs, de détérioration et d'hygiène puisqu'être nourris par vous ne les empêchera pas de fouiller les poubelles et de répandre les ordures.
Bref, il y a de fortes probabilités pour que les voisins humains de cette colonie hors contrôle finissent par être exaspérés et demandent l'intervention de la fourrière.
En fourrière, tous les chats errants sont euthanasiés car un chat errant est un chat sauvage et qu'un chat sauvage n'est pas adoptable.
Un jour que j'expliquais cet enchainement qui mène au désastre à une nourrisseuse indépendante qui se trouvait justement débordée par une colonie grandissante, elle me dit "Alors quoi ? J'aurais dû les laisser mourir de faim ?" j'ai répondu non, mais quand on se mèle d'intervenir dans la sélection naturelle, il faut le faire de façon à ce que notre intervention ne crée pas un problème encore plus grave.
A mon sens, il est moins pénible d'accepter que quelques animaux parmi les plus faibles meurrent de causes naturelles plutôt que de voir des animaux en pleine santé violemment capturés et encagés pour finalement recevoir une injection létale.
Nota : les photos qui illustrent cet article présentent quelques uns des chats de la colonie dont Fléa et Agathe faisaient partie. Cette colonie comptait plus de 25 chats alors même que leur nourrisseuse, une dame âgée qui ne pouvait organiser leurs stérilisations, s'efforçait de supprimer les portées dès qu'elle les trouvait.
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