Extrémistes !
Extrémiste ! Voilà un qualificatif dont on m'affuble régulièrement.
Extrémiste parce que je ne mange pas de viande, que je m'oppose à la chasse, à la corrida, au port de la fourure, à l'expérimentation animale, à l'abandon des animaux domestiques, aux cirques exhibant des animaux sauvages, à l'élevage même, bref, à tout ce qui utilise nos cousins des autres espèces pour servir nos intérêts.
J'ai appris à vivre avec l'idée que, si on respecte la vie, toutes les vies, on est forcément un extrémiste.
Pourquoi le respect de la vie serait-il une position extrème ? Parce que plus on respecte la vie, plus on est suspecté de vouloir ébranler l'organisation du monde tel que nous le connaissons. Suspicion tout à fait justifiée puisque, effectivement, j'espère de tout mon coeur voir naitre un jour un changement global de notre civilisation tendant vers l'égalité des droits pour tous les êtres vivants. Egalité des droits au sein de notre espèce et de toutes les espèces entre elles.
J'assume donc le fait d'être une extrémiste, je l'assume comme l'assumaient probablement ceux qui luttaient contre l'esclavage parce que, comme eux, je suis intimement convaincue que je n'ai pas plus de droits que les autres êtres vivants, que le traitement que nous leur imposons est injuste et qu'un jour, nous devrons rendre des comptes et supporter la honte de ce que nous avons fait.
Mes convictions m'amènent parfois à réagir sans diplomatie. On me demande souvent d'être tolérante, de comprendre, d'admettre, de supporter que d'autres ne partagent pas mon opinion... Certes, ce serait justifié s'il s'agissait simplement d'opinion, mais ce n'est pas le cas.
Je suis anti-speciste comme on est anti-raciste.
Tout comme je sais qu'un blanc ne vaut pas plus qu'un noir et que je ne supporte pas d'entendre défendre le contraire, je crois fondamentalement que la vie d'un humain ne vaut pas plus que celle d'un singe, d'une pieuvre, d'une abeille, ... si ce n'est à ses propres yeux.
Bien sur, cette exploitation est la norme dans un grand nombre de pays et cela depuis des générations, est-ce que ça justifie que nous ne la remettions pas en question ? Il y a des pays où la norme et la tradition rendent normal de marier une fillette pré-pubère, des pays où une femme reste une éternelle mineure, des pays où les enfants apprennent à travailler avant même de savoir marcher, des pays où des humains sont considérés comme des sous-hommes parce que nés pauvres...
C'est la norme et la tradition pour des millions d'individus qui, si vous émettez une critique sur cette tradition, vous diront probablement : "De quel droit jugez-vous ?", "Chacun ses choix", "Ne nous imposez pas votre point de vue", "C'est ainsi depuis la nuit des temps", "Pourquoi voulez-vous nous forcer à penser comme vous ?", "C'est notre culture".
Ce sont exactement les mêmes arguments que l'on m'oppose ! Alors, non, je ne suis pas tolérante envers les abus dont mon espèce est responsable parce que ça torture ma conscience.
Je fais pourtant, la plupart du temps, l'effort surhumain de garder mon calme mais j'ai envie de hurler comme j'aurais envie de hurler face à un interlocuteur qui justifierait le viol, la pédophilie, l'esclavage...
Comprenez que ce que je défend, ce n'est pas juste un point de vue, ce sont mes valeurs, mon intime conviction, la conviction que mon espèce à usurpé les droits qu'elle s'octroie, et que cette loi qui place l'humain au-dessus de tous les autres êtres vivants n'est pas une loi divine, c'est celle qui permet aussi à l'homme d'exploiter son frère, c'est simplement la loi du plus fort.
En tant qu'être humain doté d'une conscience, je ne veux pas vivre dans un monde strictement régit par la loi du plus fort, alors traitez-moi d'extrémiste...
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