Fin de vie
Aucun de mes compagnons animaux n'est mort paisiblement pendant son sommeil. Cancer, insuffisance rénale, péritonite infectieuse, ... me les ont arrachés, j'ai donc dû les accompagner dans leur fin de vie.
Tous les propriétaires d'animaux se sont un jour demandé comment ils allaient affronter ce départ imminent.
L'animal ne peut malheureusement pas nous dire ce qu'il veut, ce qu'il ressent, ce qu'il peut supporter ou pas.
Je n'ai aucune clé, aucune solution, aucune réponse bien évidemment, juste une envie de faire part de ma propre expérience, de mon ressenti.
Je ne me suis jamais posée la question de l'euthanasie puisque je milite pour que les humains aussi aient le droit de la demander pour eux-mêmes, non, c'est la période qui suit le diagnostic qui me laissait désemparée.
Je me suis autrefois acharnée à combattre la mort annoncée de mes compagnons animaux, à tout faire pour la repousser : hospitalisations, opérations, chimiothérapie et autres traitements lourds, explorations plus ou moins invasives et inconfortables.
Et puis j'ai réalisé que tout ça n'avait servi à rien. Que leur avais-je offert ? Quelques semaines, quelques mois de sursis... A quel prix ? Au prix de leur bien-être, de leur confort, de leur sentiment de sécurité, de leur joie de vivre, au prix de tout ce qui rendait leur vie intéressante.
J'ai compris que ce temps supplémentaire, c'est à moi que je l'offrais, pas à eux. Eux n'avaient pas entendu le verdict du vétérinaire, ils n'étaient pas en mesure de comprendre le diagnostic qui ne laisse aucune place à l'espoir, ils ne savaient pas qu'ils étaient condamnés ni combien de temps il leur restait à vivre.
J'ai compris que, la mort étant inéluctable, la combattre ne pouvait que générer de la souffrance or, ce que je souhaite pour ceux que j'aime comme pour moi-même, ce n'est pas du temps de douleur supplémentaire, c'est du temps de vie, aussi court soit-il.
Récemment, un cancer a été diagnostiqué à mon Monsieur Cool, sa localisation et sa nature excluent toute possibilité de traitement. En l'hospitalisant, en lui faisant subir une chimiothérapie, on pourrait repousser l'échéance fatale. Mais Monsieur Cool déteste aller chez la vétérinaire, Monsieur Cool est terrorisé et ingérable en cage, Monsieur Cool n'a pas besoin de vivre 6 mois de plus, il a besoin de se la couler douce, de manger des crevettes (qu'il adore), de se dorer au soleil sur le balcon, de dormir contre moi en "petite cuillère", de profiter de l'existence.
Alors nous, ses humains, en avons beaucoup discuté, nous en avons parlé aussi avec sa vétérinaire et nous sommes tous d'accord : les seuls soins que recevra Monsieur Cool sont des soins palliatifs, il ne passera pas le temps qui lui reste derrière des barreaux, un cathéter dans la patte à encaisser ce qui est pour lui une torture.
Bien sur, c'est compliqué, douloureux d'admettre notre impuissance, de se dire "Je suis en train de le laisser mourir" mais, pour l'avoir vécu déjà, je sais qu'il est bien pire de les voir malheureux, affaiblis, amaigris, tremblant, douloureux et de se demander "Pourquoi est-ce que je lui impose ce cauchemar ?"
Pour Monsieur Cool et tous ceux qui le suivront, il n'y aura pas d'acharnement, il y aura la vie, la vraie vie, suivie d'une mort aussi douce et digne que possible.
Photo : arc en ciel dans le cratère du Piton de la Fournaise en référence à "La légende du pont de l’arc en ciel"
Commentaires
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- 1. Bargès Le 18/05/2016
Tout à fait d'accord, l'acharnement thérapeutique est difficile à comprendre pour un animal qui souffre ,bien souvent isolé. Mes chats disparus à cause d'une maladie incurable ont eu une fin de vie douce et entourés de mon amour. -
- 2. Kimcat Le 18/05/2016
Merci pour ce bel article... qui fait réfléchir... Je me pose aussi la questionpour les humains. Mon mari s'en est allé le 11 avril dernier, après tous ces traitements pénibles et douloureux... Il aurait peut-être mieux vécu ses derniers mois, sans !... Les effets secondaires de la chimiothérapie ont été catastrophiques...
Je vais le partager.
Bien cha(t)micalement
Béa kimcat
PS : merci également à Marie qui m'a permis de vous lire... -
- 3. Brisson Alyse Le 18/05/2016
Je suis tout à fait d'accord avec ce point de vue.
Ils nous donnent leur vie, je leur offre de les accompagner lorsqu'ils passent de l'autre côté de l'arc en ciel. -
- 4. Sara Le 18/05/2016
Bien sûr je suis d'accordet ses paroles m'arrivent au coeur. Merci pour ce beau article. -
- 5. Dani ^_^ Le 19/05/2016
Bonjour.
Ton article correspond à ma pensée,
et aussi à celle de mon vétérinaire (qui est dcd brutalement depuis)
Je lui avais posé la question pour mon Camargue quand il l'a opéré de grosseurs.
Je ne connais pas l'avis de ma nouvelle vétérinaire.
Mais vu ce qu'elle m'a dit l'autre jour concernant son chat, je pense qu'elle est contre l'acharnement elle aussi.
(son chat est dcd en début d'année d'une maladie)
Camargue : au final ce n'était pas cancéreux (en 2012)
Chamitiés.
Dani -
- 6. Morel Martine Le 23/05/2016
Ce que vous décrivez avec tant d'émotion et de don, résonne en moi tant et tant. =^..^=artine des Grifélins. -
- 7. Domino Le 23/05/2016
Bonjour un témoignage émouvant mais combien réel et humain . Je suis moi aussi d'accord et suis également contre l'acharnement thérapeutique , de même pour les humains . Merci pour votre article . chamicalement -
- 8. blandine Le 11/08/2016
Bonjour, c'est vrai que c'est toujours très difficile ... je crois en effet qu'il vaut mieux éviter de stresser son animal avec des traitements lourds qui l'éloignent de sa famille et de son domicile. Le souhait de préserver sa qualité de vie passe justement, souvent, par "une abstention de soin". C'est bien à ce moment là que notre responsabilité envers eux s'exprime pleinement. Merci d'essayer d'accompagner et de dissuader toutes les personnes qui seraient tentées par l'acharnement thérapeutique... même si je peux parfaitement les comprendre. L'affection, l'amour et l'attention que nous leur portons est toujours la meilleure solution face à une telle situation. Ne pas soigner ne signifie pas forcément renoncer ou abandonner mais juste continuer à aimer.
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