Je les tuerai si vous ne les prenez pas

Il y a des phrases que j'entend à longueur d'année :

"Je l'ai acheté parce qu'il semblait tellement malheureux dans la vitrine"
ou
"Cet élevage était lamentable, je voulais sauver au moins l'un d'entre eux"
ou
"Un type vendait la portée à même le trottoir, j'en ai acheté un pour le sortir de là,
j'aurais voulu pouvoir tous les acheter"
ou
"Le propriétaire de la mère a dit que si personne ne voulait des petits, il les tuerait".

Et, pour une fois, la personne qui me parle ne fait pas partie des salauds, elle est même persuadée d'avoir bien agi, d'avoir sorti d'affaire une petite boule de poils innocente promise à un sort funeste.
Et c'est vrai pour ce chiot ou ce chaton en particulier mais en agissant ainsi... elle a condamné tous les suivants.

Si tu achètes un animal, que ce soit en animalerie, sur le trottoir d'une grande ville ou à un éleveur bidon tu alimentes, dans le meilleur des cas, un commerce du vivant peu reluisant qui permet aux éleveurs purement intéressés par l'argent d'écouler ce qu'ils considèrent comme une simple marchandise et dans le pire des cas, un trafic juteux qui fait sa fortune sur la misère et la maltraitance.

Si tu accèptes de prendre un chiot ou un chaton parce que son propriétaire menace de le tuer, tu cèdes à un chantage à la mort que cette ordure fait 2 à 3 fois par an pour écouler facilement les petits de sa femelle qu'il ne prend pas la peine de stériliser.
D'ailleurs, il n'a pas l'intention de les tuer, il est plus que probable qu'il les abandonnera lâchement car les tuer demanderait un courage qu'il n'a pas.
S'il avait vraiment voulu appliquer une régulation des naissances "à l'ancienne", il n'aurait pas attendu, n'aurait pas parlé autour de lui de ces petits, il aurait fait ce qui se pratiquait autrefois : il aurait récupéré chaque petit dès la naissance puis aurait noyé la portée sans autre forme de procès.

Chaque fois que, par compassion, tu acceptes de payer ou de prendre en charge un animal, tu contribues tout simplement à maintenir un système qui produit de la misère. En clair, tu ne sauves pas un chaton ou un chien, tu permets à un commerce immonde de fonctionner et tu encourages les attitudes irresponsables.

Sans acheteur, plus de vendeur. L'équation est d'une effrayante simplicité.

Le plus dur dans ce raisonnement, est d'admettre qu'une ou deux générations de tous ces petits nés pour rien et dont personne ne veut vraiment seront sacrifiés, mais, sans le sacrifice de ceux là, ce sont tous les autres à venir qui le seront, des millions d'individus...

Je sais bien que c'est un sujet polémique, j'ai scrupule à attaquer des personnes qui, elles, ont du coeur et veulent aider.
Moi même, j'ai acheté mes rongeurs en animalerie et pris mes deux premiers chats chez des particuliers, je ne me rendais pas du tout compte de ce que cela impliquait. Si on m'avait expliqué alors, j'aurais agis différemment.

Le pourri est celui qui, quand on lui explique l'horreur de la surpopulation animale, fait faire une portée à sa femelle parce qu'il en a envie et se moque totalement des conséquences de ses actes.
Celui qui adopte un des petits n'est pas un pourri, c'est un coeur tendre qui ne réalise pas que son geste qu'il pense généreux aura des conséquences désastreuses en encourageant les lâches, les irresponsables et les trafiquants en tous genres.

Quand tu verras un chiot un peu trop âgé dans une vitrine et que tu sais pertinemment ce qui l'attend, qu'un type te fera le coup de la misère en exhibant une petite portée accrochée aux mamelles d'une  chienne famélique, qu'un enfoiré te fera cet ignoble chantage à la mort, tu seras tenté de céder en pensant que tu ne pourrais plus te regarder en face si tu ne récupérais pas ce misérable, et bien dis-toi que c'est exactement ce que l'ordure en face de toi souhaite te voir penser. Dis-toi que si tu prends celui-là, tu lui donnes le feu vert pour en faire naitre d'autres, indéfiniment.

Alors, si tu veux sauver un chien ou un chat en n'engraissant pas une ordure, vas en chercher un dans un refuge ou une association et là tu feras partie de la solution plutôt que de faire partie du problème.

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